Introduction
Le Honduras, petit pays d'Amérique Centrale se voit souvent voler la vedette par ses pays voisins : le Guatemala, le Costa Rica et la Colombie. Pourtant, il est bien le 5ème producteur mondial de café et le 1er d'Amérique Centrale depuis 2011 !
La filière ne comporte pas moins de 120 000 familles de producteurs, dont 95% de petits exploitants avec une production exclusivement tournée vers l'Arabica de haute altitude. Avec ses 6 régions reconnues et distinctes, le Honduras propose des cafés aux profils aromatiques uniques.
Mais alors pourquoi le café hondurien reste-t-il si méconnu des amateurs ? Plongeons dans ce terroir d'exception.
Une ascension remarquable dans le monde du café
Le café est introduit dans le pays au 18ème siècle par des commerçants espagnols. A ces débuts, la culture du café était marginale face à la culture de la banane dont le cycle de production est bien plus court et donc plus rentable.
C'est dans les années 2000 que le gouvernement hondurien lance un programme massif d'investissement dans les infrastructures caféières et notamment dans les routes, pour desservir les régions montagneuses reculées, des centres de formations, des équipements plus modernes… En parallèle, l'Institut Hondurien du Café (IHCAFE) devient un pilier de cette transformation en offrant aux producteurs un soutien technique et financier.
Six régions, six identités caféières
Le café hondurien présente une importante diversité de ses terroirs : contrairement à d'autres pays, le Honduras présente une multitude de microclimats façonnées par sa géographie montagneuse. Cette richesse géologique et climatique se traduit directement dans la tasse : d'une région à l'autre, le même grain d'Arabica bourbon développera des profils aromatiques différents.
Copán : l'élégance chocolatée de l'ouest
A la frontière guatémaltèque, la région Copán s'impose comme la région productrice les plus prestigieuse. Le café y est cultivé entre 1000 et 1500 mètres d'altitude, bénéficiant d'un climat frais, bénéfique pour la culture d'arabica de qualité.
Ainsi, les variétés les plus communes de cette région sont le Bourbon, la Caturra et le Typica car elles sont connues pour s'adapter à un terroir volcanique. La période de récolte s'étend de novembre à mars en prenant soin de ne récolter que les fruits mûrs.
Montecillos-Marcalas : la star internationale
La région de Montecillos représente parfaitement le renouveau du café hondurien. Située le long de la frontière avec le Salvador, les plantations sont cultivées entre 1200 et 1700 mètres d'altitude, profitant de conditions climatiques exceptionnelles pour la production de café arabica de spécialité. Le Marcala, territoire au centre de Montecillos, a obtenu en 2005 la première Appellation d'Origine Protégée du Honduras.
Opalaca : une complexité fruitée des hauts plateaux
La région d'Opalaca, perchée entre 1100 et 1600 mètres d'altitude, est une zone montagneuse abritant la plus grande population indigène du Honduras, gardienne des traditions. Les communautés de cette région ont préservé leurs méthodes de cultures du café. Ici, le café n'est pas qu'une culture commerciale, il fait partie intégrante de l'identité locale, cultivé avec un respect profond pour la terre et l'écosystème.
Dans cette région, le café y est cultivé exclusivement sous ombrage, entourée de rivière et de ruisseaux, ce qui lui vaut la certification Bird Friendly – l'une des plus exigente au monde en matière de préservation de la biodiversité.
Agalta, Comayagua et El Paraíso : un trio prometteur
Ces trois régions méritent également une attention particulière.
Agalta : cette région tire son nom de la montagne Agalta, l'une des plus grandes zones protégées du Honduras. Située entre 1100 et 1400 mètres d'altitude, elle est idéale pour la culture des variétés Bourbon, Caturra et Typica. Son profil gustatif mélange fruits tropicaux, caramel et chocolat, et présente une acidité marquée évoluant vers une touche sucrée.
Comayagua : cette région centrale se situe entre 1000 et 1500 mètres d'altitude et produit principalement du Typica, Bourbon, Parchi, et d'autres variétés hybrides. Ce café présente un profil d'agrumes sucrées avec une acidité élevée.
El Paraíso : c'est l'une des plus anciennes régions productrices du Honduras. Bien que située entre 1000 et 1600 mètres d'altitude, la région présente des températures assez élevées et culture principalement du Catuai, Caturra, Pacas et Parainema. Le profil aromatique révèle des notes de pommes, baies et pêche avec une belle douceur en bouche.
Un modèle de production durable et équitable
La production hondurienne repose à 95% sur des petits exploitants ayant moins de 2 hectares. La coopérative COMSA illustre la force de ses exploitants, regroupant aujourd'hui 1450 producteurs qui ont développé leurs propres bio-fertilisants naturels.
La culture sous ombrage préserve la biodiversité tout en ralentissant la maturation des cerises, tandis que la récolte manuelle sélective permet de ne ramasser que les fruits à maturité optimale.
Profil aromatique et dégustation
Le café hondurien se caractérise par un équilibre remarquable entre douceur et acidité, reconnu dans le monde entier. Sa palette aromatique est riche : notes de chocolat noir et caramel, nuances d'agrumes, pêches, baies… Le corps varie de velouté à moyen selon la région productrice.
Classification par altitude :
- Strictly High Grown (SHG) : cultivés au-dessus de 1350 mètres
- High Grown (HG) : cultivés entre 1200 et 1350 mètres d'altitude
Les cafés honduriens obtiennent régulièrement des scores supérieurs à 80/100 sur l'échelle SCA, confirmant leur statut de cafés de spécialité.
Conclusion
Le café Honduras mérite amplement sa place parmi les grandes origines mondiales. Ses six régions offrent une diversité de terroirs remarquable, du chocolat gourmand de Copán aux fruits éclatants d'Opalaca.
L'engagement social et environnemental des producteurs, combiné à un rapport qualité-prix exceptionnel, en fait une alternative séduisante aux origines plus célèbres.
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