Le café et les cafés littéraires : moteurs intellectuels

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Dès le XVIIe siècle, le café est bien plus qu'une boisson : c'est un catalyseur social. L'arrivée du café en Europe coïncide avec l'émergence de nouveaux espaces de sociabilité. Il faut savoir que les cafés littéraires de Paris, Londres et Vienne ont façonné les grands mouvements intellectuels européens. Aujourd'hui encore, cette tradition perdure dans les cafés modernes qui célèbrent l'art de la conversation autour d'un café de qualité.

La naissance des cafés littéraires en Europe

Londres, pionnière des "penny universities" (1652-1700)

Pasqua Rosée, originaire de Smyrne en Turquie, ouvre le premier café londonien en 1652. En 1662, Londres compte 82 coffee houses ; en 1714, ce nombre explose à 650 établissements. Le surnom d'"universités à 1 penny" illustre parfaitement leur démocratisation : pour le prix d'une tasse de café, n'importe qui pouvait accéder aux débats intellectuels.

La clientèle était remarquablement mixte : lords, marchands, scientifiques et écrivains se côtoyaient librement, indépendamment du rang social. Parmi les cafés emblématiques, on retrouve le Jonathan's Coffee-House (fréquenté par Isaac Newton), le Lloyd's Coffee House (à l'origine de la compagnie d'assurance Lloyd's of London) et le Button's Coffee-House.

Les coffee houses deviennent des centres de diffusion d'information : journaux quotidiens distribués, débats politiques et scientifiques. Ils jouent un rôle essentiel dans le Siècle des Lumières britannique.

Cette tradition de partage autour du café se perpétue avec des cafés d'exception comme L'Entrepreneur, parfait pour stimuler la créativité et les échanges.

Paris et le Café Procope, temple des Lumières (1686)

Francesco Procopio dei Coltelli, d'origine sicilienne, fonde le Café Procope en 1686 rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés. À partir de 1689, avec l'ouverture de la Comédie-Française à proximité, le Procope devient le rendez-vous des beaux esprits.

Son décor luxueux séduit immédiatement : salles richement décorées, produits rares (café, chocolats, liqueurs, sorbets). La clientèle illustre ne tarde pas à affluer : Voltaire, Rousseau, Diderot, Jean de La Fontaine, Beaumarchais.

Le Procope devient le quartier général des Encyclopédistes pendant tout le XVIIIe siècle, véritable carrefour des idées où l'on juge œuvres littéraires et théâtrales. Pendant la Révolution, fréquenté par Danton et Marat, le Procope joue un rôle politique majeur.

📚 En 1716, Paris compte environ 300 cafés littéraires. Les cafés se transforment donc en laboratoires d'idées qui permettent à la littérature française de trouver le chemin de la modernité au XIXe siècle.

Vienne, capitale européenne des cafés (1876-1900)

Les cafés viennois connaissent leur apogée entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. En 1900, Vienne compte 600 cafés. Le Café Central ouvre en 1876 et accueille des personnalités majeures : Sigmund Freud, Peter Altenberg, Arthur Schnitzler, Hugo von Hofmannsthal, Stefan Zweig.

Parmi les artistes et intellectuels réguliers, on compte Gustav Klimt, Egon Schiele, Oskar Kokoschka, Adolf Loos, Karl Kraus et même Léon Trotski.

La "Kaffeehausliteratur" (littérature des cafés) naît de ces lieux où les écrivains venaient travailler des heures entières. Stefan Zweig écrit : "Le Kaffeehaus représente une institution d'un genre particulier, qui ne peut être comparée à aucune autre au monde".

Les intellectuels utilisaient les cafés comme un deuxième salon, certains s'y faisaient même envoyer leur courrier. Les appartements exigus, froids et sombres du début du siècle poussaient les artistes à travailler dans les cafés.

🏛️ En 2011, la culture des cafés viennois est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO, reconnaissance ultime de leur importance historique.

Le café comme catalyseur intellectuel

Un espace démocratique de débat

Selon les "Rules and Orders of the Coffee House" de 1674, l'égalité devait prévaloir : aucun homme ne devait céder sa place à un homme de rang supérieur. Les cafés servent d'alternative aux salons aristocratiques du XVIIIe siècle, traditionnellement dominés par les femmes.

Un brassage social inédit
Les cafés permettent un brassage social sans précédent : nobles, bourgeois, artistes, commerçants se côtoient dans un même espace. Les conversations dans les cafés littéraires abordaient tous les sujets : politique, sciences, arts, littérature, théâtre et philosophie.

Aujourd'hui, cette convivialité se retrouve autour de cafés bio artisanaux, créant des moments propices aux échanges authentiques.

Le rôle dans la diffusion des idées

Dans l'Europe du XVIIIe siècle, on venait principalement dans les cafés pour lire et discuter des journaux. À Londres, au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, plusieurs titres étaient distribués quotidiennement dans les cafés.

Les cafés jouent un rôle décisif dans l'élaboration et la diffusion des idées, notamment pendant le Siècle des Lumières. Ils deviennent également des lieux de recrutement pour le théâtre et les spectacles.

L'effet du café sur les échanges intellectuels :

  • La caféine favorise la vigilance et les échanges vifs
  • Le café remplace progressivement l'alcool dans les lieux de rencontre
  • Des discussions plus sobres et rationnelles, propices à la réflexion intellectuelle

L'évolution des cafés littéraires au XXe siècle

Saint-Germain-des-Prés, nouveau phare intellectuel

Les Deux Magots (fondé en 1885) et le Café de Flore (1887) deviennent les nouveaux hauts lieux de la vie intellectuelle parisienne. La table réservée à Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre aux Deux Magots est devenue mythique, symbole de l'existentialisme français.

Les figures emblématiques des cafés germanopratins :

  • Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir
  • Paul Verlaine et Arthur Rimbaud (génération précédente)
  • Les mouvements : Action Française, Dadaïsme, Existentialisme

Le Café de Flore accueille cinéma et littérature, d'abord l'extrême droite nationaliste avec Maurras, puis les Dadaïstes. Le concept de "cafés germanopratins" désigne désormais le milieu intellectuel parisien élitiste.

Le déclin et la renaissance

Après la Seconde Guerre mondiale, les cafés littéraires connaissent une transformation progressive. Les chambres de bonne étaient souvent trop exiguës et froides pour être des lieux de création littéraire, ce qui expliquait l'importance des cafés pour les artistes.

Au milieu du XXe siècle, les cafés traditionnels deviennent des attractions touristiques ou disparaissent face à la modernisation.

📖 Cependant, on assiste récemment à l'apparition des cafés-librairies qui combinent café, livres et événements littéraires, perpétuant ainsi l'héritage culturel.

Aujourd'hui, de nombreux cafés littéraires organisent des lectures publiques, séances de dédicaces et discussions avec des auteurs contemporains. Les cafés modernes servent d'espaces de travail alternatifs pour écrivains, étudiants et freelances, perpétuant ainsi l'héritage de leurs illustres prédécesseurs.

Conclusion

Du XVIIe au XXIe siècle, les cafés littéraires ont profondément façonné la vie intellectuelle européenne. De Londres à Paris, de Vienne à Saint-Germain-des-Prés, ces lieux ont vu naître les Lumières, le romantisme, l'existentialisme et tant d'autres mouvements qui ont transformé notre culture.

Plus qu'une simple boisson, le café a créé un nouvel espace démocratique de débat, où les idées circulaient librement au-delà des barrières sociales. Ces établissements ont permis l'émergence d'une véritable sphère publique intellectuelle, accessible à tous pour le prix d'une tasse.

Aujourd'hui, cette tradition millénaire se perpétue :

  • Chez Subtile café, nous honorons cet héritage
  • Nos trois gammes : L'Entrepreneur, Le Sportif et Le Bien-être
  • Des cafés d'exception torréfiés artisanalement
  • Conçus pour accompagner vos moments de réflexion et d'échanges intellectuels

Redécouvrez le plaisir des grandes conversations autour d'un café de qualité, et perpétuez à votre tour l'esprit des cafés littéraires qui ont marqué l'histoire européenne.

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